Regard sur Thanos Kyriakides, plasticien et couturier pour l’imaginaire
Artiste grec, a la base styliste et redacteur de mode, lorsqu’il perd
la vue, Thanos Kyriakides decide de faire evoluer ses creations, de la
meme maniere que lui a du changer de mode de vie. Du 25 juin au 7
juillet dernier, le createur etait a l’honneur a Paris grace a une
exposition de sa derniere collection « Blind Adam » a l’espace C
L’agence, dans le 2eme arrondissement.
Thanos Kyriakides commenca a travailler dans le milieu de la mode en
1990 en tant que redacteur. Il eut l’occasion de collaborer avec de
grands titres grecs comme Vogue Hellas, L’Officiel Hellas, In Style,
Harper’s Bazaar, Elle, ou encore Esquire.
En 2002, sa vie prit un tout autre tournant lorsqu’il apprit etre
atteint d’une maladie genetique de la retine, qui degradait
considerablement sa vue.
Aujourd’hui, Thanos continue a travailler dans la mode a sa maniere.
Durant les sept dernieres annees, il a su developper de nouveaux talents
qu’il n’aurait sans doute jamais decouvert sans sa maladie. Desormais,
le sens tactile est devenu pour lui un outil precieux, lui permettant
d’imaginer des vetements.
"Blind Adam"
Il y a deux ans, le projet Blind Adam s’eveilla dans la tete de Thanos Kyriakides.
Son idee etait d’utiliser certaines de ses references telles que les
?uvres de Cocteau, Giacometti, Pollock, etc., et de les combiner avec
son experience passee dans le milieu de la mode.
Malgre sa deficience visuelle, ne voulant pas quitter le monde de la
couture, Thanos Kyriakides a donc developpe un concept de vetements
invisibles.
Dans la collection « Blind Adam » (www.blindadam.com ), seul le
squelette des habits existe, le reste etant laisse a l’imaginaire.
Bien que ce concept paraisse abstrait, la technique concue par Thanos
Kyriakides permet en fait tres facilement de se faire une idee de ce que
serait le vetement dans la realite.
A la maniere du braille, les creations en fils de laine de « Blind Adam » representent le croquis palpable du vetement.
Chacune des pieces est unique et appelle differentes interpretations.
La scenographie de l’exposition est tres sobre, seuls quelques cintres
metalliques et une demi-douzaine de mannequins font office de cimaises
pour les ?uvres textiles.
Cependant, les creations de laine noire, des fils partiellement
tricotes ou tout simplement noues, s’integrent parfaitement dans cet
environnement blanc immacule, a la limite du fantomatique.
Ce que l’on retient surtout de l’artiste et de ses creations, c’est
sans doute cette capacite a communiquer de facon si simple, la vision
qu’il a des vetements qu’il veut creer. |